1. Pourquoi le manque de sommeil rend-t-il votre cerveau vraisemblablement vulnérable à la maladie d’Alzheimer ?
Preuves de plus en plus nombreuses à l’appui, le manque de sommeil rendrait le cerveau vulnérable à la maladie d’Alzheimer.
Le cerveau semble se nettoyer des toxines associées à la maladie d’Alzheimer pendant le sommeil, explique Jeffrey Iliff, neuroscientifique à l’Université américaine pour la santé & la science, à Portland dans l’Oregon. Et, parmi les animaux sur lesquels des recherches sont menées, ces toxines peuvent s’accumuler et endommager le cerveau.
Iliff et d’autres scientifiques de la même Université ont lancé un programme de recherche afin de préciser ce lien entre problèmes de sommeil et maladie d’Alzheimer chez les êtres humains.
2. Comment le manque de sommeil priverait votre cerveau d’un remarquable processus d’auto-nettoyage, qui a lieu pendant le sommeil profond:
En fait, cela fait des décennies que l’on sait qu’il existe un lien. Les problèmes de sommeil sont très fréquents chez les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Pendant longtemps, les chercheurs ont pensé que la raison était simple: la maladie entraînant « la destruction des régions du cerveau responsables de la régulation du sommeil », explique encore Iliff.
Mais deux découvertes récentes ont suggéré que la relation semblait plus compliquée.
La première découverte a émergé en 2009, lorsque des chercheurs de l’Université de Saint Louis ont montré que les plaques amyloïdes associées à la maladie d’Alzheimer se développaient plus rapidement dans le cerveau des souris en manque de sommeil.
Puis, en 2013, Iliff était membre d’une équipe qui a découvert comment le manque de sommeil pouvait accélérer le développement de ces plaques amyloïdes: un remarquable processus de nettoyage a lieu dans le cerveau pendant le sommeil profond, en tout cas chez les animaux.
3. Une affaire de sommeil profond et de nettoyage des toxines qui forment les plaques de la maladie d’Alzheimer:
Ce qui se produit, explique Iliff, c’est que « le fluide cérébrospinal, qui se trouve normalement en dehors du cerveau – et qui est un liquide propre et clair – se met à circuler vers l’intérieur et à travers le cerveau le long des parois externes des vaisseaux sanguins ».
Ce processus, via ce que l’on appelle le système glymphatique, permet au cerveau de se nettoyer des toxines, y compris les toxines qui forment les plaques de la maladie d’Alzheimer.
« Cela suggère au moins une façon possible dont les troubles du sommeil peuvent prédisposer à la maladie d’Alzheimer », dit-il.
Cependant, pour en savoir plus, les chercheurs vont devoir étudier ce processus également chez les êtres humains, ce qui ne va pas être aisé.
4. Comment les neuroscientifiques passent-ils de l’études du cerveau des souris à celui des Hommes, pendant le sommeil ?
Iliff a étudié le système glymphatique chez les souris vivantes à travers une ouverture faite au niveau du crâne. Le dispositif impliquait également un laser puissant et un microscope de pointe.
Avec les personnes, « nous devons trouver un moyen d’observer le même fonctionnement à l’œuvre, mais d’une façon raisonnablement non-invasive et sûre », dit-il. La solution pourrait impliquer l’une des machines d’imagerie à résonnance magnétique (IRM) les plus puissantes au monde, installée dans le sous-sol de l’Université américaine. Cette machine IRM est tellement sensible qu’elle devrait pouvoir détecter les changements précisément quand le système glymphatique se met en route dans le cerveau de la personne, affirme Bill Rooney, directeur du Centre de Recherche en Imagerie Avancée de l’Université.
Quand les êtres humains entrent dans la phase de sommeil profond, et que le nettoyage des toxines commence, on devrait obtenir un changement au niveau du signal en provenance de certaines molécules sodium. Cela devrait indiquer que le fluide a commencé à circuler librement à travers le cerveau.
Chez les personnes jeunes et en bonne santé, ce signal devrait être « robuste », explique Rooney, indiquant que le système de nettoyage des toxines du cerveau fonctionne bien. Dans le cerveau des personnes âgées, et de celles susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer, le signal devrait être plus faible.
Un défi cependant sera de trouver des personnes capables de s’endormir dans le tunnel très étroit et bruyant de la machine à résonnance magnétique.
« C’est une chose compliquée car c’est un petit espace », dit Rooney. « Mais nous installerons les personnes le plus confortablement possible, et nous les suivrons simplement pendant qu’elles passent par ces phases naturelles du sommeil ».
5. Vaincre le manque de sommeil, oui. Mais retrouver le sommeil profond, c’est encore mieux!
Si Rooney et Iliff ont raison, cette étude apportera une preuve de plus que le manque de sommeil est bien susceptible d’engendrer la maladie d’Alzheimer.
Cela pourrait aussi fournir un moyen d’identifier les personnes dont la santé est à risque parce qu’elles manquent de sommeil profond.
Actuellement explique Rooney « beaucoup des méthodes pour retrouver le sommeil ne se concentrent pas particulièrement à aider les personnes à retrouver le sommeil profond ».
C’est le cas notamment de nombreux somnifères, qui modifient l’architecture du sommeil, réduisant le temps de sommeil profond…